Rendez nous les Berges de Seine!

juin 16, 2016 dans A la une, Presse et web par Catherine Baratti-Elbaz

J’ai publié dans l’Huffington Post, une tribune commune avec mon collègue Christophe Girard, Maire du 4ème arrondissement de Paris, et comme moi, conseiller de la Métropole du Grand Paris.

Avez-vous déjà profité des Berges de Seine piétonnes un dimanche grâce à l’opération Paris Respire ? Quelle frustration de devoir laisser la place aux voitures dès 17h. Pourquoi les automobilistes auraient-ils un droit exclusif à profiter de ce site exceptionnel classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ? Pourquoi ces voitures individuelles – souvent polluantes – seraient-elles prioritaires par rapport à nos enfants qui sont de plus en plus souvent malades de la pollution de l’air ?

Lors de la crue, la Seine a attiré de nombreux curieux redécouvrant notre fleuve auquel nous ne devons plus tourner le dos mais se l’approprier et le fréquenter

En tant qu’Elu-es, il nous revient la belle responsabilité de prendre cette décision historique de rendre une nouvelle portion des Berges de Seine aux piétons et cyclistes au cœur de notre ville capitale et d’y inventer de nouveaux usages. Nous n’avons pas été élus pour être immobiles mais pour construire l’avenir.

berges_0Pollution de l’air, un enjeu de santé publique majeur 

Les professionnels de santé s’accordent pour le reconnaître, les allergies et asthmes de nos enfants mais aussi de nombreux adultes se sont aggravés ces dernières années. Les pics de pollution que connaît notre métropole sont de plus en plus nombreux. Ils sont essentiellement dus à la production de particules fines et gaz polluants par les moteurs thermiques de nos véhicules, en particulier ceux au diesel. Face à cette situation, les Elu-es locaux ont le devoir d’interpeller les responsables nationaux et européens, afin d’obliger les constructeurs à trouver les solutions techniques permettant de limiter la production de ces polluants comme à développer des mobilités électriques et non polluantes. A Paris avec Anne Hidalgo nous le faisons pour une ville durable et respirable.

Face à cette urgence, et alors que certains plaident « un report à plus tard », nous considérons avoir la responsabilité de limiter dès aujourd’hui  la circulation de ces véhicules polluants au cœur de notre ville. C’est en effet le seul levier efficace à notre disposition pour susciter des changements de comportements significatifs des usagers de notre métropole.

Et contrairement à ce que certains disent, cette décision n’est pas brutale mais le fruit d’une politique engagée dès 2001 par Bertrand Delanoë. Depuis que la gauche gère Paris, la Capitale s’est  transformée progressivement et les choix opérés ont  incité à de nouveaux usages. Les couloirs de bus, la piétonisation de certains quartiers le dimanche, les Berges de Seine rive gauche ainsi que les aménagements des Berges rive droite en 2012 pour ralentir la circulation, sont autant d’aménagements qui inscrivent Paris dans le sillon de toutes les grandes métropoles mondiales qui ont limité la place de la voiture au bénéfice des circulations douces. Regardons Tokyo et Mexico.

Partout où la circulation automobile a été facilitée souvent à grand coûts par la construction de parkings, tunnels et autres viaducs, la pollution n’a pas diminué.

BergesParis n’appartient pas qu’à nous, Parisiens

Si la décision de donner aux piétons les Berges de Seine depuis la Tour Eiffel jusqu’à la Bastille appartient aux Elu-es de Paris, elle n’est pas au bénéfice exclusif des Parisiens. Prétendre le contraire c’est oublier que notre ville est l’une des plus visitée au monde et que nous avons la responsabilité collective de la réinventer en permanence pour la garder attractive. Dans la compétition mondiale, notre ville doit continuer à rayonner et porter les valeurs dont elle est l’étendard. La valoriser c’est revendiquer la place de notre pays dans le monde et soutenir nos modes de vie, notre économie et nos emplois. Penser aujourd’hui que la seule circulation automobile serait synonyme de développement économique représente une vision conservatrice et périmée des villes du 21ème siècle. En revanche nous devons accompagner les professionnels dans cette révolution et leur proposer des solutions alternatives pour qu’ils puissent continuer à animer nos marchés, rendre les services aux personnes à domicile, livrer nos commerces…  La logistique urbaine doit s’adapter, le fret ferroviaire et fluvial se développer, la logistique du dernier kilomètre s’enrichir. Les solutions existent à nous de les mettre en œuvre avec volontarisme. Il nous faut aussi respecter strictement les aires de livraison et amplifier la verbalisation des incivilités.

 

20160216_144911Répondre aux besoins de mobilité au sein de la métropole du Grand Paris

Si les besoins de mobilité à l’échelle de notre métropole sont en croissance et conditionnent la vie de nombreux métropolitains, d’autres réponses doivent être apportées que le soutien à la voiture individuelle polluante. Notre métropole est l’une des plus denses au monde, elle est irriguée par un réseau de transport en commun que nous continuons à enrichir et à entretenir. Saluons les chantiers engagés par la Région Ile-de-France ces dernières années avec l’automatisation de la ligne 1 dont le trajet Est-Ouest est parallèle aux Berges de Seine, les prolongements en cours de la ligne 14 au Nord et au Sud au-delà des limites de Paris ou encore celui du tramway des Maréchaux qui permet de contourner efficacement le cœur de Paris. Formons le voeu que la nouvelle Présidente de la Région Ile-de-France aura la volonté de continuer à investir pour des transports en commun efficaces et accessibles dont les métropolitains et franciliens ont besoin. C’est désormais sa responsabilité.

Enfin, comme l’ont fait de nombreuses communes de la métropole, dont Paris, nous devons développer des itinéraires cyclables  sécurisés et cohérents à l’échelle du territoire métropolitain qui se prête par sa densité et sa topologie à ce type de déplacements y compris pour des parcours menant vers les gares du Grand Paris les habitants les plus éloignés des transports en commun. Un plan vélo métropolitain est d’ailleurs légitimement à l’étude par la Métropole du Grand Paris et d’ores et déjà le prochain marché de vélos en libre service prévoit un déploiement de ce système qui a fait ses preuves  à l’échelle de la métropole.

En ce début d’enquête publique sur la poursuite de la piétonisation des Berges de Seine, nous, Elu-es de Paris et Conseiller-es métropolitain-es, encourageons les 7 millions d’habitants de la Métropole du Grand Paris à construire avec nous un cœur de métropole apaisé et à porter avec audace et volontarisme ces projets pour l’avenir de nos villes et celui de nos enfants.