8 mai 1945 Paris est en liesse et aspire à la Paix

mai 9, 2016 dans A la une, A vos côtés par Catherine Baratti-Elbaz

Discours du 71e anniversaire de la victoire du 8 mai 1945
Monsieur le Président du Comité d’entente des associations d’anciens combattants du 12e arrondissement,

Mesdames et Messieurs les membres des associations d’anciens Combattants,

Mesdames et Messieurs les anciens résistants,

Monsieur le Commissaire,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis à l’occasion de ce 71e anniversaire du 8 mai 1945 pour commémorer la Victoire en Europe des Alliés sur les forces de l’Axe, capitulation qui a mis fin à l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité.

Ch7EbFuWUAEjEtEIl y a 71 ans, le 8 mai 1945 c’est une vague de bonheur qui submerge Londres et Paris. Une journée de liesse collective à la mesure des déportations massives, des peurs quotidiennes et des privations imposées dont la guerre était encore synonyme. A Londres, les déjeuners se prennent ensemble dans la rue, le protocole royal est chamboulé.

A Paris, la même ferveur s’empare de la rue. On n’a pas vu une telle foule depuis la Libération, en août dernier, et depuis l’armistice de 1918. A 15h, les sirènes  retentissent pendant 3 minutes consécutives annonçant ainsi la « fin d’alerte » ; puis à l’unisson de Notre-Dame, les cloches de toutes les églises de France sonnent à la volée la fin de la seconde guerre mondiale en Europe.

L’ennemi est définitivement terrassé.

« La capitulation sans conditions de nos ennemis provoqua la plus grande manifestation de joie qu’ait enregistrée l’histoire de l’humanité ; la Seconde guerre mondiale ayant vraiment été menée jusqu’à sa dernière et cruelle extrémité en Europe, les vaincus comme les vainqueurs en éprouvèrent un soulagement inexprimable » reconnaitra Winston Churchill quelques années plus tard.

A partir de midi le 8 mai 1945, les premiers défilés constitués d’étudiants, de femmes, de civils, de militaires… se forment spontanément et progressent dans l’allégresse sur l’avenue des Champs-Elysées. Le gouvernement ayant décidé que l’après-midi du 8 mai et le 9 mai 1945 seraient fériés, la population en profite pour déferler dans les rues et goûter ainsi pleinement à la liberté retrouvée.

Picture dated of May 8, 1945 showing people looking at the crowded Champs Elysees Avenue from the Triumphal Arch (Arc de Triomphe) as Parisians gathered in the streets of Paris to celebrate the unconditionnal German capitulation at the end of the second World War.

Picture dated of May 8, 1945 showing people looking at the crowded Champs Elysees Avenue from the Triumphal Arch (Arc de Triomphe) as Parisians gathered in the streets of Paris to celebrate the unconditionnal German capitulation at the end of the second World War.

Les habitants pavoisent les immeubles aux couleurs des Alliés, alors qu’une « marée humaine » de civils et de militaires, français et américains, laisse éclater sa joie dans une communion fraternelle. Partout les véhicules de l’armée américaine sont pris d’assaut par la population.

Vers 17 h, après avoir annoncé officiellement la victoire alliée sur l’Allemagne, le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de la République française, préside une cérémonie en l’honneur des combattants et des vainqueurs.

Une foule fourmillante circule toute la nuit dans les rues de Paris, poursuivant ainsi les festivités de la journée en dansant sur les grandes places de la capitale. Place de la République, un bal de nuit en plein air s’improvise. Ouvert à tous, il réunit toutes les générations, les Parisiens comme les soldats alliés.

Paris uni est en liesse.

 

En ce 8 mai, souvenons nous à nouveau que cette victoire est celle de millions de combattants, venus du monde entier. Celle de ces soldats, de ces civils, mais aussi celle de ces victimes juives, homosexuelles, tziganes ; celle de ces résistants, ces combattants de l’ombre, celle de ceux qui ont du fuir et s’exiler ailleurs et rechercher l’asile pour survivre. Ils sont tous les artisans de cette victoire.

 

C’est à eux que nous rendons hommage. Un hommage à ces armées visibles et invisibles, d’hommes et de femmes qui ont donné leur vie pour qu’arrive ce jour de liberté de mai 1945, ce jour de victoire.

 

Une victoire sur la dictature et le fascisme, la victoire d’hommes et de femmes d’horizons différents, souvent opposés, mais qui ont réussi à unir leurs forces pour défendre leurs idéaux de liberté de justice et de dignité. Habités par des convictions, un courage et une volonté, ils ont mené notre pays à la victoire.

 

Une volonté qui ne s’est pas arrêtée à la victoire militaire, car cette victoire fût également idéologique.

La Victoire du 8 mai est celle de la liberté sur le totalitarisme. Les fascismes de la Seconde Guerre mondiale ont, des années durant, emprisonné l’Europe dans l’obscurantisme.

C’est pourquoi la date du 8 mai 1945 représente un nouvel espoir, le début d’une nouvelle ère.

A 23h01, la capitulation du Troisième Reich est signée à Berlin en présence des dirigeants des armées alliées.

Cet acte signe non seulement la fin de la guerre en Europe mais aussi le début de la reconstruction de la paix dans notre continent profondément ravagé.

A l’heure où l’Europe est soumise à tant de forces centrifuges, où elle doit rester unie pour faire face à la montée de nouveaux extrémismes, où elle doit relever de nouveaux défis migratoires, climatiques… rappelons nous de cet espoir extraordinaire qui s’est levé lors de ce mois de printemps 1945.

Car si l’ennemi est défait, l’Europe est abattue.

Quelle force les peuples européens ont-ils alors su trouver! Toute l’énergie réprimée durant l’Occupation put enfin rejaillir du cœur des enfants du continent.

En France, la société est meurtrie sur l’ensemble du territoire. L’Occupation et les combats de la Libération ont marqué la population. Au retour des déportés et des prisonniers, le voile de l’ignorance se lève et révèle aux citoyens l’horreur des camps de concentration et d’extermination.

Malgré l’effroi, malgré les absents, en cette première année de paix civile en France, l’espoir renaît. Le peuple décide alors d’une réforme des institutions. Cette renaissance de la République en France n’aurait pu advenir sans l’homme politique visionnaire qu’a été Charles de Gaulle.

Officier remarqué lors de la Grande Guerre, le général de Gaulle parvint à impulser un premier souffle d’espoir dès juin 1940, alors même que Paris est déclarée ville ouverte : l’appel du 18 juin est un cri de colère, le témoignage d’un Français qui refuse la défaite, et l’un des moments fondateurs de la Résistance.

Ch7QTBHXEAABKC4En ce jour, je suis honorée de partager avec vous le  dévoilement dans notre maison commune, l’affiche authentique de l’Appel du 18 juin offerte par Monsieur Daniel Marcelon-Aymard aux habitants du 12e. Par ce don il nous permet de renforcer le rôle de notre Mairie dans notre travail de mémoire collectif.

L’histoire de cette pièce historique sera contée dans quelques minutes par Lucien Galmard, Secrétaire Général du Comité d’Entente de l’arrondissement.

C’est notamment aux hommes et femmes qui se sont ralliés à cet appel que l’on doit la société née de la Victoire.

Des femmes comme Edmonde Charles-Roux, infirmière pour la Croix-Rouge, venue en aide aux résistants et aux combattants du général de Lattre de Tassigny, lauréate et ancienne présidente de l’Académie Goncourt, décédée le 20 janvier dernier.

Des hommes tels qu’Yves Guéna, résistant engagé dans les forces libres, rédacteur de la Constitution et plusieurs fois ministre de la Ve République, président du Conseil constitutionnel, décédé lui aussi il y a quelques semaines.

Des hommes et des femmes qui ont engagé leur vie pour défendre nos valeurs, la fraternité, la liberté, dans nos institutions. Leur détermination fut le terreau du redressement de la France, du retour de la démocratie.

Aujourd’hui plus que jamais nous sommes invités à honorer leur héritage. Nous ne pouvons pas laisser sombrer à nouveau la France ni l’Europe dans un paysage de haine et de violence dont elle s’est libérée il y a 71 ans.

Nous devons à notre tour mobiliser nos consciences pour lutter contre les extrémismes de notre temps : les fractures de notre société ne peuvent être instrumentalisées au profit de nouvelles idéologies de la séparation.

 

Le combat pour la liberté et la tolérance doit continuer à être mené avec énergie en hommage à ces combattants de la seconde guerre mondiale, car ils n’étaient « pas tant des soldats de la Nation, que des combattants de la liberté ».

Ne les oublions pas.

Je vous remercie.