Un budget 2016 à la hauteur de la situation particulière de Paris

décembre 14, 2015 dans A la une, Non classé par Catherine Baratti-Elbaz

Le lundi 14 novembre 2015, je suis intervenue dans la discussion sur le budget de la ville de Paris pour l’année 2016.

Dans ces temps troublés, nos concitoyens attendent de leurs élus de la clarté, du courage et de l’efficacité. Ils souhaitent tout simplement que les engagements pris soient tenus et que les politiques publiques leur soient utiles dans leur vie quotidienne.

Le budget que nous portons pour 2016 en est la traduction. C’est un budget sérieux qui concrétise nos priorités, de façon à répondre aux besoins des Parisiens d’aujourd’hui mais aussi de préparer notre avenir et de mettre en œuvre la transition écologique. Après cet accord historique de Paris pour la COP 21 nous avons une responsabilité toute particulière sur ce point.

Oui c’est un budget sérieux, nous l’affirmons! Depuis 2001, Paris est bien géré – et le reste – en dépit de contraintes très fortes liées à la baisse des dotations et l’augmentation des péréquations.

Le projet de budget pour 2016 finance nos priorités en fonctionnement en même temps qu’il dégage des marges d’autofinancement importantes, permettant de porter à un niveau historique le montant des investissements et, ce, en maîtrisant l’endettement.

C’est un premier indicateur de bonne gestion : l’épargne brute est importante en augmentation de 200 M€. Ainsi, la capacité d’autofinancement est de 114 € par habitant à Paris, contre seulement 41 € en moyenne nationale, les investissements sont autofinancés aux deux tiers et l’autorisation d’emprunt est stable.

Deuxième indicateur de bonne gestion : la stabilité fiscale. Nous avons pris l’engagement de préserver le pouvoir d’achat des Parisiens en figeant les taux de la fiscalité locale ; nous le faisons ! C’est important pour les familles parisiennes qui font face dans la vie quotidienne à des charges plus lourdes qu’ailleurs, mais qui s’acquittent de taxes d’habitation et foncière plus modérées, parmi les moins élevées de France,  deux fois inférieure à Paris qu’en moyenne nationale. C’est un vrai bénéfice pour les ménages que nous sommes attachés à préserver. Et n’en déplaise à certains, augmenter les DMTO ce n’est pas augmenter les impôts de tous les Parisiens. Soyons sincères.

En effet le déplafonnement des droits de mutation est un autre sujet. Nous avons pris la décision, en novembre, de porter le taux de ces droits au nouveau plafond autorisé par la loi. Ce taux est appliqué dans tous les autres départements. Il nous apporte une recette supplémentaire de 140 M€ que nous investissons dans des politiques utiles aux Parisiens. Les droits de mutation s’appliquent aux 40 000 transactions immobilières annuelles, une seule fois, au moment de l’acquisition du bien. En revanche, 1 300 000 contribuables sont concernés, chaque année, par la taxe d’habitation et  1 000 000 par la taxe foncière. On voit bien que l’impact n’est pas comparable et c’est mentir aux Parisiens de dire le contraire.

Le sérieux dans la gestion, c’est enfin la sobriété, les économies réalisées, la maitrise des charges courantes. Nous avons engagé un mouvement profond de modernisation de l’administration parisienne qui produit ses effets. Ca n’est pas « moins » de service public mais « mieux » de service public. Nous économisons sur les charges courantes et renforçons la qualité du service. Ainsi, les dépenses de fonctionnement, de BP à BP, n’augmentent que de 0.6 %, hors péréquation, très en de ça du niveau de l’inflation.

BP2016 1

Oui, notre gestion des finances parisiennes est très sérieuse et rigoureuse.  Et cela nous permet de proposer un budget que l’on peut qualifier de « combat », mis au service de nos priorités.

Quelques mots d’abord sur la masse salariale et les emplois ; car nous sommes fiers d’annoncer la création nette, en 2016, de 110 emplois avec 440 créations de postes et plus de 320 redéploiements.

 

Les 440 créations de postes en 2016 sont proposées dans les secteurs que nous jugeons prioritaires et où nous souhaitons renforcer le service public. Le renfort du pool de remplacement dans les crèches, par l’arrivée de 110 auxiliaires de puériculture supplémentaires, était très attendu et nous parvenons à le faire ! Dans les arrondissements, nous sommes de la même façon très satisfaits d’accueillir 80 postes au titre du plan propreté et 37 autres à la Direction de la prévention et de la protection, suite aux attentats.

Notre majorité progressiste fait des choix en matière d’emploi public qui sont de vrais choix politiques, conformes à ce que nous avions annoncés aux Parisiens dès 2014.

quartiers populairesLe budget de combat, c’est aussi ce niveau historique que nous nous proposons d’atteindre en matière d’investissement. Le Plan d’investissement de la mandature entre en phase opérationnelle. Nous inscrivons pour 2016 un budget d’investissement à hauteur de 1.7 MM€, en augmentation de 13 %. Cela signifie de nouveaux services publics de proximité et la relance de la croissance et de l’emploi par l’investissement public.

Dans mon arrondissement, à titre d’exemple, ce sont des autorisations de programme pour 2 nouvelles crèches, la restructuration d’une école ou encore la création du gymnase à la Porte de Vincennes quartier périphérique et populaire dans lequel il nous faut continuer à investir pour envoyer un message fort d’inclusion tout particulièrement à ces Parisiens qui se sentent oubliés entre les boulevards des Maréchaux et le BP.

 

Et je ne veux surtout pas oublier la priorité donnée par notre majorité au logement, première préoccupation des Parisiens, qui souhaitent pouvoir rester vivre à Paris. Là encore, il s’agit clairement d’un choix politique que notre majorité progressiste porte mais qui n’est pas une conviction partagée par tous.

logement 2015Hélas, en Ile-de-France, 20 000 projets de logements sociaux ont été abandonnés par des Municipalités de droite accédant aux responsabilités en mars 2014. De telles décisions ne peuvent qu’entretenir les inégalités territoriales fortes voire accentuer encore les égoïsmes locaux. Nous ne pouvons que le constater encore dans les résultats d’hier soir en IdF par la répartition et l’ampleur du vote FN dans notre Région. Je doute que l’arrivée en responsabilité de la droite à la Région nous aide à construire tous les logements dont les franciliens ont pourtant tant besoin.

Le vivre ensemble, c’est un autre enjeu du budget de combat que nous portons à Paris.

Les attaques terroristes de janvier et de novembre nous placent dans une situation de responsabilité historique à bien des égards. Comment être à la hauteur de la gravité des événements ? Quelle réponse – politique, publique – proposons-nous d’apporter, les uns et les autres, élus de Paris ?

 

Les mesures post attentats contenues dans le projet de budget de notre majorité ont déjà été soulignées : une enveloppe de 5 M€ en fonctionnement notamment pour soutenir des projets tournés vers le renforcement du lien social en grande proximité. Projets souvent portés par des associations que la droite propose encore de priver de 5% de subvention dans ce débat budgétaire. Enfin une réserve importante de 11 M€ nous permettra de sécuriser les bâtiments publics notamment les crèches et les écoles, 6.3 M€ pour accélérer le plan de vidéoprotection, 39 nouveaux postes d’inspecteurs de sécurité et d’ingénieurs spécialistes de la prévention situationnelle.

En complément notre groupe souhaite renforcer l’investissement de notre ville dans les salles de sciences de nos collèges publics et propose un amendement en ce sens. C’était une proposition des Parisiens, qui nous semble nécessaire pour permettre aux enseignants de nos collèges de travailler dans de meilleures conditions matérielles.

On le voit, le choix très clair de notre majorité, c’est celui de la protection comme du vivre ensemble, de la sécurité comme de la solidarité.  A un même degré d’importance et d’enjeux. Nous marchons sur nos deux pieds. Nous sommes absolument convaincus que les deux dimensions, loin de s’opposer, se complètent, et même se renforcent l’une l’autre.

Visiblement, telle n’est pas la conception de nos collègues de l’opposition et je le regrette profondément. En effet, que penser du choix du groupe Les Républicains de gager la totalité de ses amendements budgétaires sur une baisse des crédits consacrés au budget participatif des arrondissements en 2016? Est-ce faire preuve de manque de responsabilité que de respecter la parole donnée ? Est-ce être partisan d’associer toujours plus les parisiens aux décisions publiques et de les laisser décider eux-mêmes de leurs priorités ?

J’entends ici certains qualifier de « décoration de la ville » les choix des parisiens. Mais quel mépris envers ces milliers de Parisiens qui ont imaginé et voté pour ces projets. Quel manque de confiance dans ces citoyens qui se sont pleinement approprié ce pouvoir de décision que nous leur avons confié. J’y vois aussi à nouveau de la part des élus Les Républicains un peu de mal à accepter les choix clairs énoncés par les Parisiens.

Pour ma part, comme pour les élus de notre groupe, nous nous refusons de revenir sur la parole donnée, nous refusons de supprimer les projets conçus et choisis par les Parisiens en 2016. Nous n’avons pas peur de plus de démocratie, au contraire.

Car nous sommes convaincus que respecter la parole publique, rapprocher tous nos concitoyens de l’action publique est l’un des meilleurs moyens de lutter contre l’abstention et le vote extrême.

Nous ne pouvons que constater nos divergences profondes à ce sujet à ce titre, ces discussions budgétaires sont très éclairantes sur nos positions.