Réinventons nos places pour les rendre aux parisiens

mars 29, 2016 dans A la une, Actualités par Catherine Baratti-Elbaz

Je suis intervenue au conseil de Paris dans le débat sur la réinvention des 7 places de Paris le mardi 29 mars


Deux ans après notre élection, quasiment jour pour jour, nous avons la responsabilité de tenir cet engagement fort que nous avons pris devant les parisiens de réinventer 7 de nos places, et pas des moindres…  Si certaines sont centrales pour leur arrondissement, d’autres sont des lieux emblématiques de notre ville mais aussi de notre pays et sont connues dans le monde entier.

Réinventer la place des « grands hommes » comme celles de la Bastille et de la Nation, est un exercice que nous devons faire avec humilité, tant ce patrimoine est remarquable. Nous ne pouvions confier cette responsabilité à un groupe d’individus, fussent ils des experts reconnus. Nous avons conduit cette réflexion avec les Parisiens, en mobilisant toutes les expertises de l’administration parisienne mais aussi celle des Parisiens, l’expertise la plus précieuse ! Et ils ont répondus présents, ces riverains, ces conseillers de quartier, ces commerçants, ces acteurs culturels, ces associations qui font la richesse de notre ville. Quel plaisir de les voir si nombreux participer à tous ces moments d’échange que nous avons pu solliciter et cela en s’affranchissant souvent des frontières de nos arrondissements, chacun venant apporter son regard, son savoir pour partager un diagnostic, revendiquer un usage, exiger la valorisation du patrimoine, plaider pour une présence renforcée du végétal, réaffirmer la nécessité de proposer des mobilités adaptées à tous les besoins, critiquer des usages actuels, dénoncer des espaces trop peu accueillant… Les attentes qui se sont exprimées sont immenses, parfois contradictoires, mais toutes attestent de la nécessité de conduire cette réflexion et de rendre ces places aux parisiens. Le potentiel est en effet immense.

BastilleCela suppose de partir du préalable que l’espace réservé aujourd’hui aux circulations comme au stationnement automobile est trop important, pire il est injuste car cette répartition confisque de l’espace public au bénéfice d’un nombre réduit d’usagers. Comment en effet se satisfaire d’une place encombrée de véhicules stationnés alors que notre jeunesse, nos familles, nos séniors ne trouvent pas dans l’espace public de lieu adapté pour se poser ensemble, partager un moment, jouer ? Comment imaginer qu’un espace vert comme celui de la Nation soit en pratique inaccessible car la traversée des 26 m de chaussée s’apparente à une course réservée aux sportifs de haut niveau ? Comment se satisfaire d’une place de la Bastille au carrefour de 3 arrondissements qui ne puisse être franchie à vélo sans se mettre en danger ? Comment accepter de ne pas valoriser le patrimoine de ces places, à l’heure ou ne devons réinventer la destination Paris pour faire venir et revenir des touristes français comme du monde entier ?

Comment enfin admettre de réserver au cœur de notre ville tant d’espace aux circulations de véhicules polluants et ne pas favoriser l’accès aux transports en commun ni les modes de circulations doux ?

NationLa réflexion engagée autour de ces 7 places s’inscrit en effet dans une vision plus large de notre ville, de notre métropole. Nous ne pouvons plus accepter de respirer cet air pollué ! Il est de notre responsabilité d’envoyer un message clair aux usagers de notre ville nous ne pouvons plus favoriser la traversée de Paris par des véhicules polluants, c’est le cas pour les Berges de Seine, ce sera le cas aussi sur ces grands places qui doivent donner toute leur place aux modes de déplacements alternatifs. Nous devons porter cette ambition forte, il en va de la santé de nos enfants, de nos ainés, la notre…

Je sais certains inquiets, c’est légitime. Notre travail n’est pas fini, nous devons continuer les études de reports de circulation, et veiller à ce que nos projets permettent de répondre aux besoins importants de mobilité des Parisiens comme des habitants de la métropole qui se rendent quotidiennement dans notre ville pour y travailler, y étudier, se faire soigner… Mais nous pouvons trouver des solutions, nous le devons. Certains prônent l’urgence d’attendre, je milite plutôt en faveur de l’urgence d’agir ! Par ailleurs, je ne doute pas que la Région Ile de France, dans les compétences qui sont les siennes, nous aidera à renforcer notre réseau bus, l’efficacité de notre métro comme à prolonger le Tramway en particulier jusqu’à la Place de la Nation.

PanthéonAinsi je me satisfais pleinement du principe d’aménagement retenu de limiter à 12m, soit 4 files, la largeur des voies circulées. Cela permet d’envisager leur traversée en une fois et de manière apaisée et sécurisée. Je salue aussi la transformation de certaines voies en zones de rencontre, ou encore zones piétonnes comme les contre allées de la Place de la Nation. En effet, je suis convaincue que partout où l’on apaise les circulations, et que l’on rend les cheminements piétons sécurisés c’est un accélérateur du développement économique local, un soutien aux commerces de proximité, aux restaurants terrasses… C’est ce que nous observons partout où nous l’avons réalisé.

Le diagnostic posé et partagé, les principes généraux retenus nous arrivons à cette étape d’aujourd’hui de validation des grandes orientations de réorganisation des espaces en redonnant 50% d’espace supplémentaire aux piétons.

A compter d’aujourd’hui nous entamons donc une 2ème phase, tout aussi importante : que faire de ces nouveaux espaces ? La réflexion avec les Parisiens et les élus d’arrondissement continuent donc, je m’en félicite.

Je suis en effet convaincue qu’aussi bien sur Bastille et Nation il nous faut prendre le temps d’imaginer l’avenir de ces places.

A Nation en particulier, nous devons imaginer l’avenir en lien avec les mutations importantes de ce quartier, avec l’arrivée de l’université Sorbonne Nouvelle ou encore le prolongement du tramway.

A Bastille je me réjouis que cet aménagement puisse enfin permettre d’accéder à la colonne de juillet et et de souligner la continuité entre le port de l’arsenal et le boulevard Richard Lenoir. Il nous reste encore beaucoup à imaginer.

ItalieSur chaque place, sans rechercher l’uniformisation, ni aguicher quiconque, il nous faut poursuivre la démarche de co-conception que nous avons initiée qui est très stimulante, démarche à laquelle les Parisiens ont adhéré.

Cela nous permettra d’économiser certains coûts de conception et faire en sorte que 100% de notre budget soit utile au Parisiens. C’est une méthode nouvelle et un peu déstabilisante, mais elle nous permet de tenir nos engagements en termes de budget et de calendrier.

Nous nous en félicitons et nous engageons à participer pleinement aux nouvelles étapes de discussion qui s’ouvrent aujourd’hui pour rendre nos places aux Parisiens.